Mise à la retraite : le dernier bulletin de salaire
Gestionnaire de paie : vous allez mettre votre salarié à la retraite.
Connaissez-vous les règles concernant l’indemnité de mise à la retraite que vous allez verser ?
I. Petit rappel des conditions légales :
Si le salarié peut bénéficier d’une pension de retraite à taux plein et qu’il remplit les conditions d’âge éventuellement prévues par la convention collective, l’employeur peut décider de sa mise à la retraite.
Il perçoit alors une indemnité de mise à la retraite.
2/10 + (2/15 pour les années au delà de 10 ans)
L’indemnité se calcule sur la base des 3 derniers mois ou des 12 mois précédant la notification de la mise à la retraite, selon ce qui est le plus favorable au salarié.
Si nécessaire, il faut verser au salarié l’indemnité conventionnelle de départ en retraite plus favorable.
II. Le régime de la mise à la retraite jusqu’au 31 décembre 2009 :
Sources : LFSS (Loi Financement Sécurité Sociale) article 90 et décret 2008-1515 du 30/12/2008 (parution JO 31/12/2008)
A. Mise à la retraite avant 65 ans et après 60 ans :
Les accords étendus (conclus avant le 01er janvier 2008) autorisant la mise à la retraite avant 65 ans et, au plus tôt, à 60 ans moyennant des contreparties en termes d’emploi ou de formation professionnelle continuent de produire leurs effets jusqu’au 31 décembre 2009, date à laquelle ces accords cesseront de s’appliquer (code du travail Article L 1237-5-1 du code du travail).
Par ailleurs, la loi autorise toujours la mise à la retraite entre 60 et 65 ans pour les salariés qui sont en préretraite dans le cadre de
- 1) dispositifs de préretraite « métiers pénibles » ayant pris effet avant le 01er janvier 2010.
- 2) de préretraite progressive conclue avant le 01er janvier 2005.
- 3) de tout autre avantage de préretraite défini avant le 22/08/2003, sous réserve que cette préretraite ait pris effet avant le 01er janvier 2010.
B. Mise à la retraite à partir de 65 ans jusqu’à 69 ans :
L’employeur interroge son salarié lorsque celui-ci atteint l’âge de 65 ans, et si ce dernier souhaite poursuivre son activité, la mise à la retraite est alors impossible pendant toute une année supplémentaire.
L’employeur pourra ensuite interroger son salarié pendant les 4 années suivantes (66ans, 67 ans, 68 ans et enfin 69 ans)
Délais de prévenance et de réponse :
- Année 2009, année de transition : délai de 3 mois à respecter par l’employeur à compter de la date d’effet de la mise à la retraite, le salarié dispose d’un mois pour répondre.
- A partir de 2010 : délai de 3 mois à respecter par l’employeur avant la date d’anniversaire du salarié et 1 mois de délai pour la réponse du salarié.
Si le salarié refuse sa mise à la retraite, l’employeur doit alors respecter un délai d’un an avant de proposer à nouveau la mise à la retraite.
C. Mise à la retraite à partir de 70 ans :
Au 70ème anniversaire du salarié, la mise à la retraite d’office par l’employeur sera possible sans avoir à demander l’accord du salarié.
III. à compter du 01er janvier 2010 :
La mise à la retraite ne pourra commencer qu’à partir de 65 ans sous réserve de l’acceptation du salarié.
Au 70ème anniversaire du salarié, la mise à la retraite d’office par l’employeur sera possible sans avoir à demander l’accord du salarié.
IV. Régime fiscal et social de l’indemnité
Cotisations de sécurité sociale | Cotisations CSG/CRDS
(avec abattement 3%) |
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Exonération totale jusqu’au minimum légal ou conventionnel
Au-delà, l’indemnité sera exonérée à hauteur du montant le plus élevé (sans pouvoir dépasser 5 fois le plafond annuel de sécurité sociale, soit 171 540 €) entre :
|
Exonération à hauteur du minimum légal ou conventionnel.
Les cotisations CSG/CRDS calculées sur les sommes exonérées de cotisations sont prélevées au taux global de 8% et totalement non déductibles. Soumission à la CSG/CRDS pour la fraction excédentaire avec les taux de cotisations applicables aux salaires. |
V. Petit cas pratique et traitement de paie :
Une entreprise décide de mettre à la retraite son salarié et on considérera que toutes les conditions sont remplies.
L’indemnité prévue par la convention collective est identique à l’indemnité prévue légalement.
- Les salaires versés dans les 3 derniers mois avant la fin du préavis donne un salaire moyen de 2 000€
- Les salaires versés dans les 12 derniers mois précédant la notification de la mise à la retraite donne un salaire moyen de 1 800 €
- L’ancienneté du salarié à la fin du préavis est de 20 ans et 8 mois.
- Les salaires perçus lors de l’année civile précédente font apparaître un cumul de 22 000 €.
- On supposera que l’entreprise verse une indemnité de mise à la retraite de 70 000€
- Le salaire de base est de 2 000€
Premier temps : Régime social (hors CSG/CRDS et fiscal)
On compare les éléments suivants :
- 1. Montant indemnité légale : 11 113.33 €
- 2. 2 ans de salaire : 44 000 € (2*22 000 €)
- 3. 50% de la somme versée : 70 000€ *50% = 35 000 €
On retient le montant le plus favorable pour le salarié, en prenant soin de vérifier que ce montant exonéré ne soit pas supérieur à 5 fois le PASS (Plafond Annuel de Sécurité Sociale) qui est de 171 540 € en 2009
Sur les 70 000 € versés, nous aurons donc :
- 44 000 € qui seront exonérés de cotisations sociales (hors CSG/CRDS) et d’impôt sur le revenu
- 26 000 € qui seront soumis à toutes les cotisations sociales et à l’impôt sur le revenu.
Deuxième temps : Régime CSG/CRDS
1) De 0€ à 11 113.33 €
Le montant exonéré de cotisations CSG/CRDS correspond au montant de l’indemnité légale ou conventionnelle, soit 11 113.33 €
2) Au-delà de 11 113.33 € et jusqu’à 44 000€ :
Cette partie correspond à une fraction exonérée de cotisations sociales (hors CSG/CRDS) et d’impôt sur le revenu.
Elle sera soumise à la CSG/CRDS au taux global de 8% et totalement non déductibles (régime de non double exonération oblige) avec un abattement de 3%
3) Au-delà de 44 000€ et jusqu’à 70 000€
Cette partie correspond à une fraction soumise aux cotisations sociales (hors CSG/CRDS) et à l’impôt sur le revenu.
Elle sera soumise à la CSG/CRDS suivant le régime applicable avec 5,10% de CSG déductible et 2.90% de CSG/CRDS non déductible avec un abattement de 3%
Salaire pour mise à la retraite par l’employeur avec versement d’une indemnité de 70 000 € | |
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Salaire de base : | 2 000.00 € |
Indemnité de mise à la retraite soumise | 26 000.00 € |
Salaire brut : | 28 000.00 € |
Cotisations sociales hors CSG/CRDS avec une base de 28 000 € | |
CSG/CRDS : | |
Sur une base de : 97%* 28 000 €
5.10% CSG déductible 2.90% CSG/CRDS non déductibles |
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Sur une base de : 97%* (44 000€ – 11 113.33€)
8% CSG/CRDS non déductibles |
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Sur une base de : 97% * (70 000 € – 44 000€)
5.10% CSG déductible 2.90% CSG/CRDS non déductibles |
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Cotisations sociales | X € |
Net après retenues | 28 000€ – X € |
Indemnité mise à la retraite exonérée | 44 000.00 € |
Net à payer : Net après retenues + Indemnité mise à la retraite exonérée | (28 000€ – X €)
+ 44000.00 € |
Pierre-Jean FABAS – Formateur Paye